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Comment détecter un comptable toxique pour votre activité ?

14 Sep Comment détecter un comptable toxique pour votre activité ?

Dès les premiers pas de notre création d’activité d’indépendant ou notre projet de reprise, une phrase revient avec insistance telle un mantra :

« Il te faut absolument un comptable ».

S’il s’agit effectivement d’un conseil en or, il faut garder à l’esprit que tout ce qui brille n’est pas or.

Aucun cadre déontologique ne changera le fait que, comme toute profession elle est pratiquée par des humains.

Le charme de cette diversité ne doit se transformer en relation pénalisante pour personne.

La relation comptable-entrepreneur se joue à deux.

Au-delà du fait qu’il s’agit toujours de notre propre situation, nous portons une large part de responsabilité dans la qualité de la relation.

Passé l’étape du choix du prestataire le plus adapté à notre situation (métier, taille, forme juridique, etc.), le comptable le plus performant et le plus empathique ne pourra à notre place deviner, et encore moins décider de

  • Notre stratégie, (objectifs à moyen, long terme)
  • Nos projets d’expansion/d’investissements
  • Notre plan de carrière (politique de revenus)
  • Notre vision et compréhension des matières comptables et fiscales

 

Travailler avec un professionnel du chiffre n’exempte pas de s’intéresser aux fondamentaux de la comptabilité, aux aspects fiscaux liés à nos activités et au droit social.

Tout comme il s’agirait, sans devenir ingénieur pour autant, de pouvoir comprendre ce que nous dit le conducteur de chantier à propos de la construction de notre future maison.

Comme cette question revient régulièrement lors de discussions, je partage avec vous ce qui n’est que mon point de vue, à travers quelques situations rencontrées sur le terrain ces dix dernières années.

Si vous vous reconnaissez dans ces situations véridiques, c’est qu’il est probablement temps, au grand minimum, de réfléchir à améliorer la relation.

  • Elle/il décide sans vous consulter si l’usage d’une ressource est professionnelle ou privée : Exemple : abonnement télécom passé 100% privé car pas d’indication sur son usage effectif.
  • À chacune de vos questions concernant vos comptes et résultats, vous ne recevez pas une réponse, encore moins une explication relative à votre situation, mais seulement un cours théorique général infantilisant.
  • Elle/il vous reprend sèchement chaque fois que vous n’utilisez pas le terme technique exact, mais ne vous explique jamais comment ne plus vous tromper
  • Elle/il vous interdit de mettre du fluo sur vos propres documents et s’en réserve le droit exclusif
  • Elle/il ne s’intéresse pas à votre métier et à votre situation (contexte, saisonnalité, nature de l’activité), ses préjugés lui suffisent
  • Elle/il est capable de vous bombarder de jargon comptable pendant des années sans jamais vous demander si vous comprenez ce qu’est l’EBIDTA, ou la différence entre FCFE et FCFF. Ou, en variante, ne vous parle pas de votre activité mais vous demande « ce que vous avez en classe 70 ».
  • Elle/il n’hésitera jamais à rompre le secret professionnel dans votre dos si ça peut le/la mettre en avant et mettre un concurrent/collègue dans l’embarras (ce qui est fait sur d’autres, est probablement aussi fait sur vous).
  • Dans le cadre de l’arrivée d’un nouveau gérant, Elle/il le traite de manière partiale, tel un intrus, favorisant ainsi les anciens et avant tout son propre confort de travail.
  • Le moment de la clôture annuelle est difficile à vivre pour vous, alors que votre intelligence et votre sensibilité vous permettent une vie satisfaisante toute l’année, vous vous sentez idiot comme jamais et vous trouvez que tout cela à décidément l’air très, très, très opaque.
  • Elle/il n’ose pas avouer avoir peu d’expérience en valorisation et en transmission d’entreprise (ce qui est une spécialité qui demande de la pratique) et vous enverrait dans le mur par simple fermeture d’esprit et clientélisme.
  • En 5,10, 20 ans, parfois plus, ne vous a quasiment jamais conseillé, est à peine venu voir comment vous êtes installés et, tout d’un coup, déborde d’idées quand vous décidez de faire appel à un autre « expert » pour une matière bien précise (juriste, expert en transmission, conseiller patrimonial, consultant en organisation, en marketing). En général à travers une approche non transparente, pour se retirer ensuite, sans solution viable et sans que rien n’ait progressé, une fois la situation largement dégradée et compliquée.
  • Vous laisse évoluer dans le statut qui l’arrange même si cela vous défavorise fortement depuis plusieurs années. Ex : Le comptable de vos débuts qui ne travaille qu’avec des artisans en personne physique et ne gère pas (volontiers) de comptabilités de sociétés et encore moins de coopératives.
  • Elle/il, fonctionne sur base de ses normes personnelles : Exemple : vous ferait changer de voiture ou renouveler votre outillage tous les ans pour faire baisser vos impôts cette année. C’est son petit challenge perso.
  • Elle/il fait dans la créativité conceptuelle et invente la notion de “bénéfice semi-brute” (sic) sur un compte de résultat imprimé, notion qu’elle/il a d’ailleurs un peu de mal à définir
  • Elle/il applique des normes déraisonnablement strictes. Elle/il ne sera jamais pris(e) en défaut par l’administration… Cette expression d’une nature anxieuse vous coûtera très cher.
  • Vous avez le sentiment de travailler toute l’année sans visibilité ni possibilité d’action sur votre situation. Vous “découvrez” votre existence comptable et fiscale une fois l’an. Cette situation vous renvoie au collège quand vous attendiez dans le couloir pour voir le proviseur. Première ou seconde sess?

 

Dans le même temps, il existe des signes que notre relation fonctionne bien. Cela représente un réel avantage pour nos entreprises.

La comptabilité, la fiscalité, la TVA ne se résument pas seulement aux « papiers », aux déclarations et aux obligations.

Une réelle gestion financière peut se mettre en place en optimisant de manière légale, conforme, consciente et volontaire nos actifs, nos fonds et nos investissements par rapports à nos activités et notre stratégie.

Les retours d’expériences positives vont tous dans ce sens :

  • Elle/il veut comprendre nos enjeux et notre manière de faire le métier.
  • Elle/il admet que d’autres professions non exclusivement basées sur les chiffres peuvent être utiles aux entrepreneurs (marketing, communication, organisation, transmission).
  • Elle/il ne sait pas systématiquement mieux que nous ce qui est bon pour nous.
  • Elle/il veut connaître notre stratégie et nos plans à moyen, long terme.
  • Elle/il veut être sûr(e) que nous comprenons notre situation et les conséquences de nos choix et nous aide à y arriver.
  • Elle/il est exigeant sur l’exactitude et la ponctualité dans l’échange des données.
  • Elle/il fait le point régulièrement en profondeur avec nous (1 à 2 fois/an).
  • Elle/il s’intéresse à nos prévisions.
  • Elle/il connaît et respecte les limites de ses domaines d’activités et de compétences.

 

Comptabilité et fiscalité sont des aspects importants de nos activités, nous devons les soigner et les gérer de notre mieux en étant entourés des partenaires et prestataires qui nous correspondent et nous conviennent le mieux.

Même si en début d’activité cela peut paraître insurmontable, cela nécessite une démarche consciente et volontaire de notre part. Et parfois le courage de (re)prendre les choses en main.

C’est aussi là notre responsabilité de dirigeant(e)s.

« Diriger et apprendre ne sont pas dissociables »

J.F. Kennedy

Patrick Colot

Administrateur TEC-MA

Praticien Sr en Mgt & Organisation