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Midi à sa porte: Indépendants et salariés, mêmes aspirations, visions différentes.

18 Fév Midi à sa porte: Indépendants et salariés, mêmes aspirations, visions différentes.

L’expression populaire «voir midi à sa porte» est tout aussi valable s’il s’agit de la porte d’une entreprise, également celle de notre propre entreprise.

Est-il vraiment nécessaire de préciser que notre situation professionnelle, notre métier, notre travail de dirigeant d’entreprise ou d’indépendant revêt des rôles, responsabilités mais aussi des attentes parfois très différentes de celles d’un travailleur salarié.

Loin de présenter une situation bien clivée qui opposerait les aventuriers aux craintifs ou tout autre cliché faux et hors de propos, les raisons pour lesquelles nous optons pour une carrière non dépendante d’un contrat d’emploi sont diverses, mais font partie de la même palette des aspirations du genre humain.

Revenons un instant aux travaux du psychologue Abraham Maslow et de sa théorie sur la motivation humaine (A theory of Human motivation 1943), souvent appelée «Pyramide des besoins» de par son utilisation en marketing².

Les cinq niveaux d’aspirations sont, dans l’ordre : Les physiologiques (respirer, manger, boire, dormir, etc.), ensuite viennent les sécuritaires (logement, sécurité d’emploi, protection contre les agressions, etc.), puis les aspirations d’ordre affectif et d’appartenance (identité, socialisation, communication, etc.), vient ensuite l’estime personnelle (reconnaissance, valorisation, etc.), enfin vient l’épanouissement (réalisation de soi, accomplissement, engagement, autonomie).

L’idée centrale étant que tout individu n’envisagera un stade d’aspiration supérieur que lorsqu’il se sentira assuré dans le stade ou il se trouve. L’image de la pyramide doit aussi aux statistiques qui tendent à indiquer qu’au plus le niveau d’aspirations s’éloigne des besoins de base, moindre est la proportion d’individus désirant les assouvir.

Les raisons pour lesquelles nous optons, consciemment ou pas, pour un style de carrière, se révèlent dès lors multiples, mais quelle qu’en soit l’orientation, issues des ces mêmes catégories d’aspirations. Accumuler, exister dans sa communauté, porter sa pierre à l’édifice sociétal, s’accomplir…

En tant qu’entrepreneur, notre projet professionnel est également une partie non négligeable de notre projet de vie, et en tous cas, est bien plus qu’un «travail» à nos yeux. Les attentes que nous avons tout comme les rétroactions et les pressions que nous vivons sont d’une nature particulière, relative à notre implication dans l’activité.

Pas mieux, pas moins bien, particulières.

Nous n’attendons pas la fin de la journée pour nous centrer sur nos propres enjeux. Par contre il nous est plus difficile de «laisser au vestiaire» notre activité qui n’est pas que professionnelle.

On peut s’arrêter de travailler, on peut plus difficilement s’arrêter d’assumer, d’ambitionner.

Le clivage entre le soi privé et professionnel est un enjeu que chacun doit gérer, tout comme l’existence de son identité individuelle, idéalement non dépendante de son statut de travailleur.

Il est des terrains où tous types de travailleurs se retrouveront et d’autres sur lesquels les points de vue seront diamétralement divergents.

Soyons attentifs à nous concentrer sur les points qui favoriseront collaboration et motivation. N’alimentons pas de manière inconsciente un schéma de «lutte des classes».

À travers la multiplicité des expériences vécues, nous avons tous, directement ou dans notre entourage pu assister à des situations d’incommunicabilité, voire de tensions générées, le plus souvent involontairement, par des attitudes et des raisonnements incompris et forcément mal interprétés.

Prenons un exemple parmi d’autres : la gestion du temps et la participation aux évènements (portes ouvertes, foires etc.) qui mettent en tension de manière fort intéressante le fait d’être concerné et le fait d’être impliqué.

L’implication relève d’un niveau très différent du fait d’être concerné*.

Nous n’en sommes pas toujours conscient et bon nombre d’incompréhensions mutuelles trouvent leur origine en cela.

Même si notre rôle de dirigeant nous demande d’atteindre des objectifs à l’aide de ressources qu’il nous faut combiner et faire collaborer, nous ne tirons aucun bénéfice à demander des choses et surtout des manières de le faire que nous ne pourrons obtenir souplement.

Loin de vouloir comparer la gestion de personnel à l’éthologie³, certains de ses principes tels que demander peu mais souvent (imprégnation), ne pas demander des choses qui n’ont pas été mises en place (renforcer naturellement l’autorité et la relation), ou encore débuter et terminer les séances de travail (dans le cas de l’éthologie naturellement) par des demandes qui seront correctement effectuées (renforcement et motivation) sont extrêmement bénéfiques dès lors qu’adaptées dans les modèles collaboratifs.

Il me paraît surtout évident de travailler la motivation, l’implication, la collaboration et la productivité, dans la mesure du possible, avec des critères et une approche contenant non pas ce qui nous motive nous, dirigeants et porteurs du projet entrepreneurial, mais bien en cherchant les motivations que les autres trouvent à y collaborer.

Quand la question se pose, personnellement, je pense à l’omelette au jambon*.

Ce modèle qui, aussi simple qu’il soit, m’indique souvent la limite où placer le curseur.

Patrick Colot

Praticien Senior en management

Administrateur tec-ma

www.tec-ma.be

²Soulignons qu’elle n’a jamais été qualifiée comme telle par son auteur qui préférait parler de «hiérarchie des d’aspirations». Les limites de ce modèle sont son élaboration uniquement sur une population occidentale instruite. Sa simplicité, gage de sa large diffusion, en a fait un standard facilement compréhensible et utilisable en management et en marketing.

*L’exemple de l’omelette au jambon est la métaphore parfaite du propos: dans l’omelette au jambon, la poule est concernée, le cochon est impliqué.

³L’éthologie est l’étude du comportement des diverses espèces animales. Cette branche zoologique de la biologie a été créée en 1854 par le naturalisteIsidore Geoffroy Saint-Hilaire. Au niveau théorique, l’éthologie peut s’apparenter à la biologie du comportement et surtout à la biologie de l’interaction intraspécifique. Des scientifiques tels que Darwin ont marqué ce vaste domaine d’études. L’éthologie humaine, axée sur l’étude des comportements individuels, en fait partie.